Le YOGA DU FEU INTÉRIEUR ~ ou La Puissance Flamboyante
Toumo est une pratique ancestrale rapportée du Tibet par la célèbre exploratrice Alexandra David-Néel.
Cette technique puissante, jadis réservée à un très petit nombre, est aujourd’hui librement enseignée grâce à l’impulsion notamment de Maurice Daubard et de Wim Hoff.
Il s’agit d’apprendre à s’adapter au froid en exposant progressivement son corps, le plus dévêtu possible, à de basses températures – en prenant par exemple des douches froides ou des bains d’eau glacée, ou encore lors de randonnées en maillot de bain dans la neige (sachant que le contact avec l’air et plus facile que celui de l’eau).
C’est une leçon d’humilité que d’accueillir le froid avec bienveillance, et d’embrasser pleinement cette intrusion de la nature que d’ordinaire nous refoulons.
« Vivre le Yoga Toumo est une expérience exaltante et unique, d’où l’on revient enrichi et empli de vitalité.
L’exposition volontaire et contrôlée au froid stimule les défenses naturelles et permet de (re)trouver en soi des qualités et des valeurs parfois jusque-là ignorées.
Cette pratique donne accès à un état psychique d’unité et de plénitude dans lequel toutes les forces et aptitudes qui dorment en nous sont fondues et élevées à leur plus haute efficacité.
C’est l’Ouverture Magistrale sur le Monde, dans un noble désir de partage, inspiré par la nature et guidé par nos propres qualités, que nous découvrons progressivement au cœur de cette pratique.
C’est l’éveil de la Force intérieure et des énergies physiques et intellectuelles. »
~ Maurice Daubard
Mon expérience du Toumo
La première fois que j’ai pratiqué Toumo, c’était l’été, dans le lit d’une rivière à 2000 m d’altitude, et sous la supervision de mon enseignant de Yoga.
Toumo signifie « chaleur », « feu intérieur » en Tibétain – le Yoga de la chaleur interne.
C’est une pratique Tantrique qui permet de repousser ses limites de résistance au froid.
Même si Toumo est particulièrement recommandé en hiver car il soutient le système immunitaire, la pratique peut se vivre à tout moment de l’année si l’on réunit les conditions favorables : à savoir dans mon cas, s’immerger dans une eau froide (en dessous de 10 degrés) et de préférence vivante ; l’objectif étant de stimuler son feu intérieur afin de produire de l’énergie.
Toumo répond aux principes de thermorégulation
Les exercices respiratoires préliminaires préparent le corps en augmentant le feu – Pitta.
Puis l’immersion dans le bain glacé augmente instantanément l’élément air – Vata ; suffisamment pour éteindre le feu et faire chuter la température. Le corps se met à trembler.
Le feu préalablement attisé, renaît de ses cendres et produit immédiatement un réchauffement interne du corps. La peau devient rose, voire rouge sur les régions sensibles : Toumo s’installe.
Le frisson thermique qui s’exprime après l’épreuve du froid est dû à la très forte consommation de calories pendant la pratique.
La première fois que j’ai pratiqué Toumo donc, j’étais immergée jusqu’à la nuque dans une rivière à fort courant dont la température avoisinait les 8°C ; nous sommes ainsi restés 20 minutes dans ce bain vivifiant.
Nous avons chanté, respiré, rit beaucoup aussi.
Je me suis littéralement « jetée à l’eau » (avec moult précautions, vous en conviendrez), embrassant la folie de mon expérience qui avait pour dessein de vaincre la part « frileuse » en moi.
La force de détermination requise pour entrer dans l’eau glacée, le dépassement de soi et la volonté de rester jusqu’au bout de l’exercice m’ont procuré beaucoup de fierté.
C’est un moment qui se vit en pleine conscience, l’esprit alerte
L’eau n’est finalement pas froide… au contraire, elle brûle.
C’est ensuite que le corps traverse une phase de dépression thermique, qui se manifeste par une sensation de froid corporel intense accompagnée de frissons.
Puis le corps se réchauffe naturellement, et progressivement.
Un matin, nous sommes monté beaucoup plus haut en altitude (à 3200 m), pour nous allonger peau nue à même les névés comme s’il s’agissait d’une plage de sable fin ; je ne m’en serais jamais crue capable auparavant.
Par la suite, j’ai expérimenté Toumo seule dans la rivière proche de chez moi – en hiver cette fois. Marcher pieds nus dans la neige ne me fait désormais plus peur.
« Pour arriver au yoga du feu intérieur (GTUM-MO) le méditant devra en outre purifier son esprit en état d’intime abandon, régulariser son souffle, spiritualiser sa conscience par des paroles nantriques, diriger son attention sur Manipura, le tout sur une aura de couleur rouge lumineux…
Sans parler de l’incidence de la visualisation en 10 étapes en ce qui concerne SUSUMA reliant les courants lunaires et solaires dans les canaux subtils Ida et Pingala dans la colonne vertébrale. »
~ Lama ANAGARIKA GOVINDA
L’été dernier, l’eau de la rivière en Vanoise était à 3° C (…) 20 minutes, immergée jusqu’à la nuque.
Bien que plus difficile à tenir mentalement, cela procure des effets purifiants accrus et une certaine euphorie.
Il va sans dire que ce processus de purification du corps et de l’esprit demande un « lâcher-prise » profond.
La contraction des vaisseaux sanguins, la douleur générée par le froid, l’engourdissement des membres, l’euphorie psychique sont des manifestations typiques de l’augmentation de Vata dans le corps.
« Le but de ce yoga est avant tout spirituel et tend à la production d’un état psychique d’unité et de plénitude dans lequel toutes les forces et aptitudes qui dorment en nous sont fondues et élevées à leur plus haute efficacité ; Irrésistible ardeur intérieure qui fond tous les contrastes.
Le feu de l’intégration spirituelle qui fond tous les contrastes nés de l’individualisation est ainsi ce que le mot tibétain GTUM-MO signifie en son sens le plus profond et ce qui constitue un des plus importants sujets de méditation. » nous explique Maurice Daubard.
Toumo optimise les fonctions métaboliques du corps et stimule le système cardio-vasculaire, respiratoire, ainsi que les défenses immunitaires, purifie et canalise la force vive du mental.
Du reste, la froidure retarde le vieillissement prématuré – car le froid contracte et préserve les tissus, tandis que le chaud les dilate, augmentant l’agitation métabolique.
Le froid a cet effet constrictif. Il diminue l’entropie métabolique et rend de ce fait les tissus plus sains.
Le pic de stress occasionné par le saisissement du froid pousse l’organisme à se prémunir, en l’incitant à développer un mécanisme de protection qui lui permet par la suite plus aisément de combattre le stress chronique et la maladie.
Nous sommes au cœur des principes de l’hormèse.
La régularité de la pratique permet de repousser chaque fois un peu plus loin ses limites afin de pas à pas, apprivoiser le froid.
Dernièrement je suis restée plusieurs heures à la froidure de l’aube, presque totalement nue dans la nature, sous une température avoisinant les -1 °C… fouettée par les éléments, la voûte plantaire épousant le sol gelé, un vent glacial flattant mon dos… je ne suis pourtant pas tombée malade.
Au contraire, les jours suivants mon énergie s’en est trouvée galvanisée.
Se promener dévêtu à des températures négatives permet au corps de puiser en lui les ressources lui permettant de se défendre contre les agressions de virus et de bactéries.
Le froid dope également le moral grâce à la sécrétion d’hormones régulatrices de l’humeur (mélatonine, sérotonine, dopamine) et à la production d’endorphines (à effet euphorisant).
Voici la technique du Toumo (comptant parmi les « six Dharmas ») transmise oralement par le Mahāsiddha Indien Nāropa, avant d’être transmise à Milarépa.
Ces enseignements furent longtemps gardés secrets…
« La pratique de toumo, qui consiste à créer et développer une chaleur interne à l’intérieur du corps, est la technique la plus connue des Six Yogas de Nāropa.
La pratique, qui comprend cinq étapes successives, commence par une prière à son guru.
Il faut adopter la posture en sept points du bouddha Vairocana, c’est-à-dire les jambes croisées dans la posture du lotus, les deux mains placées l’une sur l’autre sous le nombril, la colonne vertébrale aussi droite qu’une flèche, le menton reposant sur la poitrine, la langue pressée sur le palais, les yeux dirigés devant soi.
Puis le yogi visualise que son corps est devenu son Yidam, c’est-à-dire sa divinité de prédilection. Une fois que cet exercice est maîtrisé et que le corps du Yidam est devenu pure vacuité lumineuse, le yogi s’exerce à lui donner différentes tailles, petit comme un pois ou bien vaste comme l’univers, mais toujours vide à l’intérieur.
Une fois que les trois canaux d’énergie sont vus avec clarté et précision le yogi visualise les quatre chakra, de la tête, de la gorge, du cœur et du ventre.
Puis il s’agit de fermer la narine gauche et de souffler longuement l’air par la narine droite ; après l’inhalation, rejeter l’air rapidement.
Une fois le souffle maîtrisé, le yogi visualise dans le centre situé entre les deux sourcils une petite sphère blanche et lumineuse de la taille d’un pois, appelée ti.glé.
La grande béatitude est le fruit de cette union entre les énergies du haut et celles du bas, mâle et femelle, symbolisées par les ti.glé blancs et rouges.
La pratique de toumo est le fondement du Tantrisme ; c’est le Feu qui brûle l’ignorance. » Erik Sablé
Selon cet enseignement ésotérique, le tummo est une méthode qui permet d’extraire Prāna de l’inépuisable réservoir de la nature et de l’emmagasiner dans la batterie du corps humain, puis de l’employer à transmuer la liqueur séminale en énergie subtile par laquelle une chaleur psycho-physique interne est produite et circule dans les canaux fluidiques du système nerveux psychique (les Nādi).
Alexandra David-Néel a par la suite dévoilé ces pratiques au travers de ses écrits :
« Par une nuit d’hiver où la lune brille, ceux qui se croient capables de subir victorieusement l’épreuve, se rendent, avec leur maître, sur le bord d’un cours d’eau non gelé (…)
Les candidats au titre de Repa, complètement nus s’assoient sur le sol, les jambes croisées.
Des draps sont plongés dans l’eau glacée, ils y gèlent et en ressortent raides.
Chacun des disciples en enroule un autour de lui et doit le dégeler et le sécher sur son corps.
Dès que le linge est sec, on le replonge dans l’eau et le candidat s’en enveloppe de nouveau.
L’opération se poursuit, jusqu’au lever du jour.
Alors celui qui a séché le plus grand nombre de draps est proclamé le premier du concours. »
Alexandra David-Néel
Le principe est que le yogi doit sécher au moins trois draps de suite pour avoir le droit de porter l’insigne de sa science du tummo, qui est une robe (drap) de coton blanc lui valant le titre de Repa (d’où Milarépa : « Mila à la robe de coton »).
Pour aller plus loin, je vous invite à consulter le livre « Mystiques et Magiciens du Tibet » d’Alexandra David-Néel, dans lequel sont décrits les exercices d’adaptation au froid des Tibétains.
ᗰᗩY YOᑌᖇ ᑭᖇᗩᑕTIᑕE ᗷE YOᑌᖇ ᒍOY ☆ KᗩᖇEᑎ
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