Ananda आनन्द

La voie Royale de la Joie

En cette période de fêtes de fin d’année, si nous nous interrogions sur la place de la Joie en nos vies ?

Tandis que la dépression s’est élevée au rang de « maladie du Siècle » – si mal abordée, et devenue si banalement sociale – comment déployons-nous notre capacité à nous ouvrir à la Joie ; comment composons-nous avec nos remous émotionnels afin d’offrir une place de choix à la Joie dans nos cœurs ?

Les quatre états de la Joie

Dans la philosophie du Yoga, il existe quatre degrés à l’état de joie : la « vraie joie », la « joie durable », la « joie profonde » et la « joie extatique », ou en sanskrit : samtosha, moudita, karouna, ananda.

1. Samtosha, la « simple joie » , n’est pas une joie ordinaire qui a forcément une cause.

C’est la joie qui survient, sans cause. Elle jaillit spontanément de l’intérieur, par delà la tristesse. C’est une joie soudaine et authentique, presque enfantine.

2. Moudita, la « joie permanente ».

Adolescente, moudita est une joie tellement précieuse qu’elle ne doit point cesser.

Elle exige une victoire sur l’impermanence, par delà la mort.

Par conséquent, pour être permanente, elle doit être imperturbable.

Or le permanent se heurte inéluctablement à l’impermanent – et donc au « samsara », le jeu infini des causes et des effets du karma.

3. Karouna, la « joie profonde », est la joie du Sage.

Elle est par delà l’objection de l’universelle souffrance.

Comment, dit-on, peut-on être heureux ou parler de joie, au milieu de l’océan de souffrance qui nous entoure ? Ce ne peut être que grâce à la Compassion.

Le terme sanskrit de Karunâ peut en effet être traduit par compassion, sans pour autant signifier « souffrir avec » – il induit une compréhension, une acceptation et une intégration absolue de la nature relative des phénomènes liés au vivant.

Mâ Ananda Moyî (1896-1982) était l’incarnation même de la joie divine. Elle était la Joie ; elle irradiait la Joie.

Ses mots se diffusent comme une lumière onctueuse : « Soyez toujours heureux, la tristesse est votre ennemie. Réalisez cet état de félicité divine qui est au fond de vous. Cherchez toujours à vivre dans la joie, à exprimer la joie dans vos pensées et dans vos actes. L’Etre suprême est joie incarnée. Sentez sa présence joyeuse à l’intérieur de vous. La tristesse est fatale à l’homme. Essayez d’être attentif à tout ce qui est joie véritable ; elle vous rapprochera de Dieu. Apprenez à vous immerger dans la joie divine ».

4. Ananda, la joie extatique, « plus que profonde », innée et parfaite. La Félicité.

Elle est toujours présente, car elle est notre nature profonde. Notre Nature Divine.

Elle ne peut être atteinte dans l’extase que par delà l’ego, en dépassant le soi.

On la nomme également Sahaja-Ananda, car cette joie est notre ultime réalité.

Elle est si immense qu’on ne peut la contenir – c’est Elle qui nous contient.

Nous sommes en Elle, comme la goutte baigne au milieu de l’océan.

C’est ainsi que la joie se transmet… elle coule de source, dans un jaillissement de Conscience éternelle.

La joie n’est pas du domaine de l’avoir, car on ne peut la posséder.

Elle est du domaine de l’être…

Etre « en joie ».

La véritable joie est pure joie de vivre, joie d’être.

Vivre le moment présent, c’est rejoindre « l’être en joie ».

Pratiquer, respirer, méditer, c’est être profondément joyeux.

Les obstacles à la Joie

Notre capacité à accueillir la joie dépend certes d’un certain nombre de facteurs, psychiques et environnementaux, car parfois le climat dans lequel on évolue n’est guère propice à cultiver la joie.

Toutefois, de micro-éveils permettent de toucher cette joie au quotidien : une rencontre inopinée, un partage sincère, une fleur qui s’épanouit, un coucher de soleil, le ronronnement du chat sur vos genoux, chanter, danser, seul ou avec des amis… la « magie ordinaire » de la vie.

« Pour la goutte d’eau de pluie, la joie consiste à s’immerger dans la rivière.

Chemine suffisamment loin de la souffrance, et tes larmes se transformeront en soupir. Lorsqu’après une forte pluie, les nuages se dispersent, n’est-ce pas parce qu’ils ont pleuré toutes leurs larmes ? »

Ghalib ~ poète indien

Les obstacles à la joie sont les mêmes obstacles qui nous empêchent d’accéder au discernement et à l’ouverture de conscience – tels que la colère, la somnolence ou l’agitation, le doute, l’insatisfaction, etc.

Il est intéressant d’observer nos méandres intérieurs et nos zones en tension – dans le corps, ainsi que dans l’esprit.

Kabir disait : « Notre mental s’accroche à ses blessures ou à ses peurs, alors même qu’une autre partie de nous même est sage. » Et Eckhart Tolle de renchérir : « La cause première du malheur n’est jamais la situation, mais toujours les pensées qui concernent celle-ci. »

Joie et Bonheur

Il existe un lien fondamental entre ānanda, la joie profonde, et sukha, le bonheur.

Bien que tous deux soient assurément distincts : la joie est une émotion, tandis que le bonheur est un sentiment.

Notre plus grand bonheur, suggère Patañjali, provient de notre capacité à être satisfait avec ce qui est, et ce que l’on a. Il s’agit de cultiver le contentement et la satisfaction – sans toutefois, ni se résigner, ni accepter tout et n’importe quoi sans une once de discernement.

André Gide disait : « On appelle bonheur un concours de circonstances qui permet la joie. Mais on appelle joie cet état de l’être qui n’a besoin de rien pour se sentir heureux ».

Le plaisir, la jouissance, la gaîté, le bonheur… sont simplement cousus du fil d’Or de la Joie.

« Si le bonheur, sukha, est un espace ouvert, alors la joie, ānanda, serait une vibration dans cet espace ouvert. Une vibration matérielle, mais subtile et lumineuse (sattvique) dont la source se situerait dans la connexion intime de la matière avec la conscience. » – Martyn Neal

« La moindre Joie ouvre sur l’Infini » – Christian Bobin

Joie, Joie, Joie…

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